jeudi 24 mai 2012

les corridas mal barrées


par Claude Canellas
BAYONNE, Pyrénées-Atlantiques (Reuters) - La désaffection qui frappe les corridas en Espagne gagne la France, où les effets de la crise économique et la perte d'intérêt pour l'art tauromachique ont contraint les organisateurs à revoir leurs ambitions à la baisse.
La terre de tradition qu'est l'Espagne a enregistré selon les chiffres du ministère de l'Intérieur ibérique cité par le quotidien El Pais une baisse de 34% du nombre de corridas organisées entre 2007 et 2010, et même de 51% en Andalousie, la région pourtant la plus emblématique en ce domaine.
Depuis, l'interdiction de la corrida dans la grande région de Catalogne a pris effet le 25 septembre dernier après une dernière réunion dans l'arène barcelonaise, La Monumental.
Ce tassement de l'"aficion" a franchi les Pyrénées au point qu'en octobre dernier, les sept représentants des arènes françaises de première catégorie se sont réunis à Bayonne, l'une des places les plus touchées par les déficits.
Les principales places taurines du Sud-Ouest limitent les budgets tant pour l'organisation des corridas que pour les fêtes populaires qui les entourent.
Dans la capitale du Pays basque, avec l'organisation en 2011 de sept corridas au lieu des six habituelles avec un plateau plus prestigieux et donc plus coûteux, la baisse de fréquentation a creusé un trou de 400.000 euros, dix fois plus que l'année précédente où déjà il s'était élevé à 40.000 euros.
A l'ombre des arènes bayonnaise, le "groupe des sept" a adopté une charte visant notamment à obtenir de la part des toreros et des éleveurs une baisse de 20% des cachets au-delà de 60.000 euros.
"L'avenir de la corrida en France était en jeu", reconnaît le maire de Mont-de-Marsan (Landes) Geneviève Darrieussecq, par ailleurs présidente de l'Union des villes taurines françaises. "La corrida souffre de la même baisse de spectateurs que tous les autres spectacles."
La préfecture des Landes est pourtant la moins touchée par la récession mais l'heure est aux économies.
LE COÛT DE LA SÉCURITÉ
Cinq corridas formelles ont été programmées en 2012 pour un budget global de 1,2 million d'euros contre 1,35 en 2011.
A Dax, où corridas et fêtes attirent 800.000 personnes en août, l'ensemble coûte environ 4 millions d'euros, dont 700.000 pour le nettoyage et la sécurité, en augmentation de 30%.
Ces fêtes traditionnelles doivent faire face notamment aux excès d'alcool et aux incivilités. Dax a pris des mesures et dès 2013 l'ensemble sera ramené de six à cinq jours et désormais tout est fermé à 3h00 au lieu de 4h00.
Un signal fort a été donné par la petite ville de Vic-Fezensac dans le Gers qui a de manière radicale, avec l'accord de 51% des habitants consultés, décidé d'annuler durant deux ans les fêtes "Pentecôtavic" tout en maintenant les corridas.
La fréquentation prévue du 26 au 28 mai est de l'ordre de 15.000 personnes au lieu des 70.000 de l'an passé, ce qui devrait limiter les désagréments vécus par les riverains.
A Mont-de-Marsan, Geneviève Darrieussecq a mis en place une nouvelle donne dès son arrivée en 2008.
"Je trouvais qu'une semaine de fête c'était trop et nous avons réduit à cinq jours, mais avec des animations la journée, ce qui a ramené les familles", dit l'élue
La commune y consacre en 2012 un budget de 250.000 euros dont une part importante pour la sécurité des 450.000 visiteurs.
A Bayonne, les fêtes, qui sont dissociées des corridas, sont devenues un évènement populaire mais aussi un souci financier.
"Pour assurer la sécurité de la première manifestation festive de France, on est obligé de prendre des mesures de plus en plus coûteuses, soit 1,1 millions d'euros en 2011 dont 75% liés à la sécurité", reconnaît le maire UMP Jean Grenet.
Des économies de 300.000 euros et l'apport de 500.000 euros de partenariat par Alain Afflelou, président du club de rugby local, ont évité de supprimer une journée et de ramener le budget à un niveau de 350.000 à 400.000 euros.
Edité par Yves Clarisse

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